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D’ailleurs, l’augmentation de la population du département de la Seine, qui n’a pas été moindre de 21 p. % de 1851 à 1856, pour tout le département, n’a produit que 11 p. % dans Paris, tandis qu’elle a donné 63 p. % dans la banlieue suburbaine, et 31 p. % dans la banlieue extérieure. Celle-ci, loin de voir décroître le mouvement ascensionnel dont elle a déjà profité dans une si forte proportion, et qui ne paraît pas s’être ralenti depuis trois ans, le verra probablement surexcité en sa faveur par l’application du tarif de l’octroi de Paris à la banlieue suburbaine. Il est donc présumable qu’elle retrouvera, dans un bref délai, au moins une partie de l’importance que sa mesure projetée doit lui retirer tout d’abord. Cela explique le peu d’émotion causé par le projet dans la généralité du département, et l’adhésion unanime qu’y ont donnée les représentants des arrondissements de Saint- Denis et de Sceaux.

Il vous appartient maintenant, Messieurs, comme organes du département entier, de résumer et de dominer la solennelle enquête qui a été faite sur le système et les détails de ce projet ; d’apprécier la convenance de chacun des changements de circonscriptions administratives qu’il comporte ; d’examiner les conditions auxquelles ces changements doivent être soumis ; de tenir compte des intérêts divers engagés dans la mesure ; de les peser successivement tous, intérêts généraux, intérêts municipaux, intérêts privée collectifs ou individuels ; enfin, de formuler une opinion motivée, à laquelle votre situation même ne peut manquer de donner une grande valeur, mais dont les consciencieuses études qui précèdent toutes vos délibérations, augmenteront certainement encore l’autorité.

I.

Les motifs supérieurs qui commandent l’annexion immédiate de la banlieue suburbaine à Paris ont été déduits avec une telle évidence dans le Rapport l’Empereur, qui précède le décret du 9 février dernier, qu’il serait superflu d’en renouveler l’exposé. Ils ont d’ailleurs été parfaitement compris, comme l’enquête même en fait foi : peu de personnes ont essayé d’en contester la force ; presque partout, au contraire, on a reconnu que Paris, siège du Gouvernement gardien des destinées de la France, astreint à un régime administratif bien ordonné, doté de voies larges, qui assurent tout à la fois le bien-être privé et la tranquillité publique, surveillé avec une sorte de luxe dans toutes ses parties, ne peut demeurer plus longtemps enveloppé d’une ceinture compacte de