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de simple voirie aux rues existantes, l’usage de ce droit est subordonné à l’initiative des conseils municipaux. Or, on ne saurait espérer que ces corps administratifs consentent à faire abstraction de l’organisation communale actuelle pour agir en vue d’un ordre de choses différent qu’ils peuvent ne pas désirer ; et quand, par impossible, tous parviendraient à se placer au-dessus des petites considérations de localité, quand tous se trouveraient animés d’un même esprit pour chercher la meilleure satisfaction possible des intérêts présents et avenir de l’ensemble de l’agglomération parisienne, serait-il rationnel d’attendre d’une fédération de municipalités l’acceptation d’un plan général, pour laquelle il est souvent si difficile d’obtenir l’accord d’une assemblée unique ?

Ajoutons que les plus étranges inégalités de conditions résultent souvent de la diversité des juridictions administratives pour les habitants de localités contiguës, quoique les intérêts soient identiques, les habitudes uniformes, et qu’ils puissent se considérer comme du même quartier. Le pavage, les trottoirs, les égouts ne se prolongent d’une commune à l’autre, ce qui veut dire quelquefois du côté droit au côté gauche d’une même rue, qu’au moyen de négociations compliquées. Les distributions d’eau et de gaz, très-incomplétement assurées partout, le sont, en général, d’une façon très-différente. La répartition des contributions n’est point assise sur des évaluations de revenu ou de loyers absolument conformes, et l’égalité proportionnelle des cotisations, si parfaite entre tous les points de Paris, est loin d’exister avec la même précision entre les maisons voisines qui appartiennent à deux communes suburbaines. Évidemment un seul moyen existe d’échapper à ces tiraillements et de sauvegarder les intérêts de l’avenir, c’est de réunir sous la même administration tout ce qu’enferme le mur des fortifications.


§ 2.


Il est une raison plus grave encore de hâter l’annexion.

La surface de Paris, si l’on en retranche le lit de la Seine, est de 3,288 hectares ; la population qui la couvre est 1,174,346 habitants. Depuis sa dernière organisation, la police de Paris est faite par 3,260 agents environ, en comptant le personnel auxiliaire. La ville est divisée en îlots, que surveillent jour et nuit des sergents de ville, à l’instar des 6,600 constables de Londres. Paris a donc environ un surveillant par hectare superficiel et pour 360 habitants.

La surface comprise entre le mur d’octroi et les fortifications, déduction faite du sol occupé par la route stratégique et la fortification même, est de 3,800 hec-