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muler. Depuis six ans, l’intimité d’une collaboration journalière nous a donné l’habitude d’une franchise absolue et d’une confiance réciproque. J’ai dû vous dire et démontrer par des chiffres, que les finances de la Ville, loin de gagner à l’annexion de la zone suburbaine, y perdront tout d’abord quelque chose en liberté et en puissance. Mais, d’un côté, vous savez mieux que personne sur quels fondements solides elles reposent, et combien elles ont de ressort ; d’un autre côté, la prévision d’un état de transition difficile et la préoccupation de l’intérêt communal ne pourront jamais détourner vos regards de l’intérêt supérieur de l’État, ni troubler votre patriotisme.

Vous n’oublierez jamais que Paris n’est pas une simple cité de l’Empire, mais le siège d’un gouvernement dépositaire des gages de la sécurité et de la puissance publiques, l’exemple du pays, la tête et le cœur de la France. Ces considérations, qui compliquent nos devoirs et les grandissent, vous feront apprécier les graves raisons données pour régulariser et organiser, sans plus de délai, le fait spontanément accompli de l’agrandissement extérieur de Paris, pour étendre une administration unique, une police fortement constituée, un système bien conçu de voies publiques, des services municipaux perfectionnés, sur cette région populeuse, insuffisamment administrée, mal surveillée, mal ordonnée, qui étreint la ville plutôt qu’elle ne s’y attache, et qui ressemblerait bientôt, si l’on n’y portait remède, au camp toujours grossi d’une armée confuse d’assiégeants, au lieu d’être le développement normal d’une ville unique.

En prenant part à l’accomplissement des grands desseins de l’Empereur pour la transformation de Paris, vous avez reconnu maintes fois combien des projets mai compris et contestés, dès l’abord, par une partie du public, étaient en eux-mêmes justes et profonds vous avez pu constater quelle approbation enthousiaste et universelle ils obtenaient, lorsque l’exécution avait rendu palpable ce qu’ils avaient d’utile et d’élevé. Vous n’êtes pas de ceux qui accueilleraient aisément un doute sur la haute sagesse des vues auxquelles la France doit, en définitive, une grandeur dont elle n’avait plus que le souvenir, et une prospérité incontestable.

La pensée de donner immédiatement à la capitale ses vraies limites est de l’ordre de celles qui sont inspirées par la prévoyance la plus infaillible et la plus lointaine.

Accomplie dans les conditions que l’Empereur a fixées, la mesure sera un avantage pour ceux mêmes auxquels elle peut causer passagèrement quelques embarras car elle les préservera des conséquences douloureuses qu’entraînerait