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naires, guidés par leurs théories et dénués de connaissances pratiques, se livraient à toutes les expériences, on ait soumis la ville de Paris à une telle épreuve, cela s’explique à peu près. Mais, qu’on reproduise les mêmes utopies aujourd’hui, après les leçons de l’histoire et la diffusion de la science financière, au milieu d’une nation qui, en matière de grands travaux et d’améliorations générales, réclame tout des pouvoirs publics et des administrations locales, à la charge sans doute de leur fournir par l’impôt l’équivalent de ce que, en Angleterre, par exemple, on consacre au même emploi, sous la forme de sacrifices volontaires, d’avances de capitaux et de inscriptions privées, voilà ce qui est difficilement concevable !

Avant de proposer l’abolition des droits d’octroi, à Paris, on est rigoureusement tenu, ou d’avoir préalablement changé les mœurs publiques, ou de formuler un moyen efficace de fournir à la Ville les ressources nécessaires pour répondre à tous les besoins dont la satisfaction lui est demandée.

Le produit des taxes établies à l’entrée de Paris est de 50 millions pour le trésor municipal, de 20 millions pour le Trésor-Public ; c’est donc à un déficit de 70 millions qu’il faudrait pourvoir.

En veut-on charger l’impôt personnel et mobilier ?

Les contribuables de Paris n’ont payé, de ce chef, que 5,761,668 fr. en 1858[1]. Le surplus du contingent communal a été soldé, selon l’usage, par un prélèvement sur les produits de l’octroi, qui a permis d’exonérer tous les habitants de la contribution personnelle, de décharger de toute cote mobilière les imposables dont le loyer, arbitré au quatre cinquièmes du prix réel, n’atteint pas 250 fr., et de dégrever, dans une certaine mesure, ceux dont les loyers ne dépassent pas 1,500 fr.

Cependant, comme le prouvent les dossiers des réclamations mis à l’instruction chaque année, la perception des cotisations mobilières est encore difficile, et, quelquefois, pleine de souffrances pour les contribuables.

En 1831, on voulut tenter de rétablir l’imposition personnelle et de la recouvrer sur tous les habitants, qui n’étaient point réputés indigents. Les poursuites, les saisies, les non-valeurs se sont multipliées à un tel point, par l’impuissance ou la résistance des contribuables, qu’il a fallu revenir au système aujourd’hui en vigueur. Il ne s’agissait cependant alors que d’une somme de 750,000 fr. pour la contribution personnelle, et d’une autre somme de 5,000,000 fr. pour la contri-

  1. Moniteur du 22 février.