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II.

Nous sommes témoins, Messieurs, d’un nouvel et immense progrès. Depuis 1841, une dernière enceinte, créée pour le besoin de la défense nationale, environnait, avec des faubourgs, de vastes cultures, et Paris s’y développait lentement. Les désastres de 1848 avaient un moment désolé la capitale ; mais une main puissante, en donnant à la France la paix publique, la prospérité et la gloire, a du même coup, et comme par un effet involontaire, agrandi la ville dont le sort est plus étroitement lié à celui de la nation.

Cette fois encore, le souverain, qui, par sa sagesse et la grandeur de son Gouvernement, attirait les populations autour du siège du Pouvoir, aurait voulu en modérer au moins l’affluence. Divers actes et publications officielles montrent, d’ailleurs, que le désir d’épargner le plus longtemps possible, aux habitants de la zone suburbaine, les charges plus ou moins réelles qui résulteront pour eux d’un déplacement des limites de la ville, a fait ajourner cette mesure tant qu’elle n’a pas été commandée par des nécessités de premier ordre. Mais, depuis quelques années, sous l’influence de causes irrésistibles, et principalement de la rapide exécution des chemins de fer qui ont rendu Paris facilement accessible à tous les points de la France et de l’étranger, l’accroissement de la population de cette ville et de sa banlieue a pris des proportions inouïes.

En 1851, l’enceinte fortifiée ne renfermait que 1,264,309 habitants. Le même nombre y existait déjà en 1846. La révolution de 1848 explique suffisamment ce temps d’arrêt. En 1856, la population de Paris et de ses faubourgs extérieurs s’est trouvée être de 1,525,942 habitants. Elle est aujourd’hui, selon toute probabilité, d’environ dix-sept cent mille.

En jetant les yeux sur une carte de Paris fortifié, si l’on supprime un instant, par la pensée, le mur d’octroi, on ne voit plus marquée la limite actuelle de la ville, que par une promenade plantée affectant la direction circulaire, bordée de maisons, d’un côté et de l’autre, dans presque toutes ses parties, et reproduisant l’aspect offert, il n’y a pas encore beaucoup d’années, par cette ligne des boulevards intérieurs de Paris, qui est aujourd’hui, non-seulement l’artère principale de la ville, mais encore le rendez-vous du monde entier et le théâtre d’une prodigieuse activité de mouvement et d’affaires. Paris et les communes suburbaines