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s’applique à Charlemagne. On sait que les feudistes lui donnent un tout autre sens.

Ville-Hardouin, au commencement du treizième siècle, appelle le fils de l’empereur de Constantinople un jeune valet. Après une certaine période ce terme ne s’applique qu’à un bas serviteur.

Catholique signifiait universel dans le sens ecclésiastique. Sous les dernjers Vallois il commence à être employé pour désigner une certaine excellence, une certaine légitimité : c’est le résultat des guerres religieuses. Aujourd’hui cette expression est une de nos locutions les plus usitées.

Bienfaisance est dû à l’abbé de Saint-Pierre.

Immoral figure pour la première fois dans l’édition de 1798 du Dictionnaire de l’Académie.

Languissament, appliqué à l’expression tendre des regards, apparaît dans l’édition de 1740 ; il est de madame de Tencin.

Naïveté est de la même époque.

Géneraliser, dans le sens intellectuel, ne vient qu’après la publication de l’Encyclopédie.

Se populariser est consigné dans le Supplément à l’édition de 1798 ; c’est un des mots produits par la révolution.

Les dates marquent aussi avec précision l’influence étrangère, par les importations faites dans la langue, comme on en signale au temps des croisades par les Arabes, sous les Valois par les Italiens, de nos jours par l’anglomanie.

Ce n’est pas tout : une fois devenus parties intégrantes de la langue, les mots, sous le rapport de leur structure et de


leur composition, se divisent encore en primitifs et en dérivés. Cette distribution est indiquée au moyen de signes de rappel ; de la sorte on pourra reconnaître au premier coup d’œil si un mot, créé par extension, est conforme à la loi de génération.

Ce Dictionnaire offre donc :

1° L’étymologie appuyée sur la logique et sur l’histoire ;

2° L’emploi des mots par époques, leurs modifications successives ;

3° Les idiotismes rangés chronologiquement, avec leurs altérations et leurs développements ;

4° La classification par radicaux et dérivés.

Cest-à-dire que dans un cadre resserré on trouvera l’état civil de la langue reproduit aux principales époques, avec les adjonctions nécessitées par les actes de naissance des nouveaux membres de la grande famille.

Nous avons pour cela compulsé tous les lexiques, depuis le commepcement du seizième siècle jusqu’à nos jours ; enfin nous avons profité des travaux publiés sur notre vieille langue par des linguistes éminents. Si nous avons tenu compte des vues ingénieuses et systématiques des Diez, des Orelli, des Vapereau, des Fauriel, des Ampère, nous ayons à rendre grâce surtout à des savants plus pratiques, tels que les Francisque Michel, les Pluquet, et particulièrement les Paulin Paris, dont les recherches profondes ont constamment guidé et soutenu notre marche.

DOCHEZ.



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