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NOUVEAU


DICTIONNAIRE


DE LA LANGUE FRANÇAISE


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A


A. s. m· Première lettre de l’alphabet français, et première des voyelles.

(Tel ne sçait mie encor A. B. Gautier de Coinsi, xiiie. Je ne sçais ne a ne b, mais je viens au nom de Dieu faire lever le siége d'Orléans et sacrer le dauphin à Reims. Jeanne d'Arc, xve. Il est des bons, il est marqué à l’A. Henri Estienne, xvie.

Le chancelier se plaignait fort qu’il n’avait pas fait une panse d’a pour lui. Tallemant des Réaux. Il laisse croire que cet ouvrage est de lui, mais il n’en a pas fait une panse d’a. Acad. Je veux un mari qui n’ait point d’autre livre que moi, qui ne sache ni a ni b. Molière. Il faudrait vous reprendre et vous changer depuis a jusqu’à z, pour vous amener à me comprendre. G . Sand.

A. préposition. Sert à marquer : 1° un rapport d’appartenance, d’attribution, de comparaison, et répond au cas du datif ; 2° un rapport de direction ou de tendance ; 3° un rapport de conjonction, d'union.

La préposition à entre dans une multitude de combinaisons différentes de mots ; mais elle marque toujours un des trois rapports définis ci-dessus Souvent elle sert à former des gallicismes des façons de parler elliptiques ; alors, pour en comprendre le sens et en expliquer l’emploi, il faut combler les lacunes en suppléant un ou plusieurs mots sous-entendus. Exemples : Terre à blé, terre propre à produire du blé. Homme à projets, homme appliqué à faire des projets. Elle est femme à vous jouer un mauvais tour, elle est femme disposée à vous jouer un mauvais tour. C’est une occasion à ne pas laisser échapper, c’est une occasion qu’il faut être résolu à ne pas la laisser échapper. Se disputer à qui chargera l’ennemi, se disputer l'honneur offert à qui chargera l’ennemi.

A. Signe d’attribution et de tendance, Vient du latin ad, vers.

(La domnizelle . . . . . . . .
In figure de colomb uolat a ciel. Sainte Eulalie, xe.

Ces sount les leis et custumes que li rei, Williams grentat à tut le people de Engleterre. Lois de Guillaume le Conquérant, xie.

Li castelain l'emmene à son hostel. Raimb. de Paris, xiie. Il avoit esté dit que l'on marcheroit à trois fois. Commines, xve, xvie. Nostre roi, qui avoit bien sa parole à son commandement, commença par dire . . . . . . Id. Il ne faut plus que vous constestiez sinon à qui mieux me servira. Henri IV, xvie, s. Ils se débattoient à qui en seroit. Sully, xvie, xviie. Nous


eusmes, lui et moi, plusieurs discours seul à seul. Id.

Disons-nous nos secrets de compère à compère. Peron.

Ils se parlèrent à l'oreille. Acad.

..... Holà ! gardes, à moi ! Racine.

Au premier coup de canon, la ville capitula.

Acad

.

On leur a bien pris sept à huit cents hommes. Boileau. Il a un style à lui. Acad. Il est aux autres écrivains ce que le rossignol est à la fauvette. L. Mad. Si j’étais homme à venir faire un tour à Paris, ce serait pour vous faire la cour. Voltaire.

C'est à qui de nous deux vous chérira le plus. Étienne.

Je me sens un cœur qui est de force à aimer toute la terre. Molière. Tant d'attention à plaire annonce plus de vanité que de vertu. Joubert.

Avec moi sans façon
Je vois que tout le monde en use :
C’est à qui tous les jours me fera la leçon. Marmontel.

Il est homme à se fâcher. Acad.

Un peu moins de bon sens et plus de badinage ;
Un homme qui disserte est un homme à noyer.

Neufchateau.

A d’autres ; vous ne m'attraperez plus. Voltaire.

A. Signe de conjonction et d’association. Est une contraction d’avec.

(Il fust receu à grand’feste et à grand’joie. Villehardoin, xiiie.

Mais Berneçon l’occit puis a dolor. Raoul de Cambray, xiiie

Les mareschaux, à plus de cinq cents lances passèrent la rivière. Froissat, xive. Il y aura quelque trouble par quoi je seroi délivrée délivrée à grand’victoire. Jeanne d'Arc, xve. Le comte de Saint-Paul s’en alla loger, à toute son avant-garde, à Mont fleury. Commines, xve, xvie. Le roi partoit de Paris à fort grand regret. Marguerite de Valois, xvie, s.

L’armée ennemie recula d’abord lentement, puis sa retraite devint une déroute, et nous la poursuivîmes à plaisir. An. On en chanta le Te Deum à renfort. La Fontaine. Les dames y assistèrent en robes à falbalas. A. Dumas. Qui mérite mieux d’être traité à toute rigueur que celui qui a été dur et impitoyable ? Bossuet.

ABAISSE. s. f. Croûte formant le dessous de certaines pâtisseries.

ABAISSEMENT. s. m. Action d’abaisser ou de s’abaisser. - Résultat de cette action. — Fig., diminution, affaiblissement. — Humiliation volontaire ; humiliation forcée.

Louis XI travailla beaucoup à l’abaissement de


la maison de Bourgogne. Acad. Le constant travail de la vie de Louis XI, et l’idée fixe qui le domina, furent l’abaissement de la haute aristocratie et la centralisation du pouvoir dans sa personne. Chateaubriand. Le grand dessein de Richelieu a été d’affermir l’autorité du prince par l’abaissement des grands. La Bruyère. Le duc de Choiseul, indigné de l’abaissement de la France, préparait sourdement la guerre contre la Prusse et l’Angleterre. Lamartine. Après l’abaissement des Carthaginois, Rome ne garda plus l’austérité de ses mœurs. Acad. Un abaissement moral est le symptôme et le prélude d’un abaissement politique. De Broglie. Ce serait un siècle d’abaissement que celui où l’on tiendrait tout en indifférence, excepté les plaisirs et les affaires. Bossuet. L’esprit court aujourd’hui parmi nous bien des risques d’abaissement, et comme la société, il a besoin d’être relevé et sauvé. Guizot.

Dans quel abaissement ma gloire s’est perdue ! Lamartine.

. . . . . Oubliez une gloire importune,
Ce triste abaissement convient à ma fortune. Racine.

Mon âme, n’ayant pas pris d’abord le pli que lui devait donner la mauvaise fortune, a toujours résisté à l’abaissement où je me suis trouvée. Mme de Stael. J’ai une horreur invincible pour ces sortes d'abaissements. Molière. Cet esprit altier se révolte contre l’abaissement. Acad. S’il est vrai qu'on ne peut trop s'abaisser, cela n’est pas vrai de tout abaissement, et celui qui s’abaissé, mais non devant Dieu ou au nom de Dieu, s’abaisse mal à propos. Vinet. La reine travaillait tantôt à humilier sa grandeur par des abaissements volontaires, tantôt à soumettre sa volonté à des complaisances difficiles. Fléchier. C'est une erreur de penser que la grandeur soit opposée à un abaissement volontaire. Duguet. On respecte dans l’abaissement ceux qui se sont respectés dans la grandeur. Napoléon Ier. Dieu a voulu naître dans la faiblesse et l’abaissement. Bourdaloue. Les Juifs charnels n’entendaient ni la grandeur ni l’abaissement du Messie. Pascal. Seigneur, il m’est si glorieux et si doux d'avoir part à vos abaissements. Bourdaloue. Dieu tire quand il veut, la lumière des ténèbres, et la gloire du fond des abaissements. Fléchier.

ABAISSER. v. a. Faire aller en ba, faire descendre. — Diminuer la hauteur, l’élévation d’une chose. — Fig., déprimer, humilier. — En termes de chirurgie, abaisser la cataracte, faire descendre au fond de l'œil le cristallin devenu opaque. — A baisser une équation algébrique, la réduire à un degré inférieur.