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moy, & me pardonner tous en general. Adieu madamoiſelle, adieu chere maiſtreſſe : ſi i’euſſe bien fait mon profit des honneſtes remonſtrances que vous me faiſiez iournellement, ie ne ſerois pas icy, pour prendre vne ignominieuſe fin. Puis leuant les mains au ciel, pria en ceſte ſorte :

Hélas ! Seigneur Dieu ; comme oſe-ie leuer les yeux deuant voſtre ſaincte Maieſté, moy la plus grande pechereſſe des pechereſſes : mon crime eſt ſi grand, bon Dieu, que ie crains ne pouuoir eſtre pardonnée : toutesfois i’aime mieux implorer voſtre miſericorde que me deſeſperer. Helas ! mon Dieu, au nom de voſtre ſaincte paßion, pardonnez à ceſte miſerable. Si vne petite goutte de voſtre ſang, mon Sauueur, eſt baſtante pour racheter cent mille monde ; que ceſte grande effuſion, que vous auez reſpandue en l’arbre