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Mais attendrons-nous, pour renverser les trônes des despotes de l’Europe, attendrons-nous les ordre du bureau de la guerre ? Consulterons-nous, pour cette noble entreprise, le génie de la liberté ou l’esprit de la cour ? Seront-nous guidés par ces mêmes patriciens, ses éternels favoris, dans la guerre déclarée au milieu de nous, entre la noblesse et le peuple ? Non. Marchons nous-mêmes à Léopold ; ne prenons conseil que de nous-mêmes. Mais, quoi ! voilà tous les orateurs de la guerre qui m’arrêtent ; voilà M. Brissot qui me dit qu’il faut que M. le comte de Narbonne conduise toute cette affaire ; qu’il faut marcher sous les ordres de M. le marquis de la Fayette… que c’est au pouvoir exécutif qu’il appartient de mener la nation à la victoire et à la liberté. Ah ! Français ! ce seul mot a rompu tout le charme ; il anéantit tous mes projets. Adieu la liberté des peuples. Si tous les sceptres des princes d’Allemagne sont brisés, ce ne sera point par de telles mains. L’Espagne sera quelque temps encore l’esclave de la superstition du royalisme et des préjugés ; le Stathouder et sa femme ne sont point encore détrônés ; Léopold continuera d’être le tyran de l’Autriche, du Milanès, de la Toscane, et nous ne verrons point de sitôt Caton et Ci-