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et on égare son opinion par le jeu de tous les ressorts de l’intrigue et du gouvernement, on le rassure en lui rappelant sa force et sa puissance. Le moment arrive où la division règne par-tout, où tous les piéges des tyrans sont tendus, où la ligue de tous les ennemis de l’égalité est entiérement formée, où les dépositaires de l’autorité publique en sont les chefs, où la portion des citoyens qui a le plus d’influence par ses lumières et par sa fortune est prête à se ranger de leur parti.

Voilà la nation placée entre la servitude et la guerre civile. On avoit montré au peuple l’insurrection comme un remède ; mais ce remède extrême est-il même possible ? Il est impossible que toutes les parties d’un empire, ainsi divisé, se soulèvent à la fois ; et toute insurrection partielle est regardée comme un acte de révolte ; la loi la punit et la loi seroit entre les mains des conspirateurs. Si le peuple est souverain, il ne peut exercer sa souveraineté, il ne peut se réunir tout entier, et la loi déclare qu’aucune section du peuple ne peut même délibérer. Que dis-je ? alors l’opinion, la pensée ne seroit pas même libre. Les écrivain seroient vendus au gouvernement ; les défenseurs de la liberté qui oseroient encore