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devoir avec urge et non en gemissant ce qui ne vous seroit pas avantageux, aimes donc encore votre pasteur de cet amour qui ne finit point avec le temps mais qui demeure dans les siecles des siecles, et vous vous aimeres les uns les autres, car les membres ne sçauroient estre unis au chef sans l’estre entre eux, ne comptés pas sur votre vertu, si elle n’est animée par la charité, aimes vous donc d’un amour mutuel les uns les autres mes chers enfans car vous l’eztes encore pour un peu de temps, ie n’ay pas tout a fait quitté cette qualité de pere, et je sens mesmes que j’en aurai touiours la tendresse, aimés vous d’un amour mutuel filioli diligite alterutrum ; c’est la derniere leçon que St Jean donna a ses disciples, avant mourir, et c’est aussi la derniere leçon que ie vous donne a la veille de mon départ qui est pour moy une un espece de mort. heureux si ie pouvois graver cette sentence dans vos cœurs, et si mes dernieres paroles faisoient sur vous la mesme impression qu’ont coutume de faire sur´ les cœurs des enfans les dernieres paroles d’un pere mourant. Souvenes vous donc mes chers enfans car ce nom de tendresse ne peut sortir de ma bouche, souvenes vous de cet excelente parole de st Aug, que c’est la charite seule qui fait le caractere des enfans de dieu, et qui les distingue des