Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.

justes calomnies ; mais suivez mes conseils, et renvoyez-le absous. » On le renvoya en effet ; mais il ne put supporter cet affront et se donna la mort. Hiéronymus dit, au second livre des Mémoires divers, que Périclès l’amena devant les juges amaigri et exténué par la maladie, et qu’il obtint son acquittement plutôt de la pitié que de la justice du tribunal. Tels sont les récits accrédités au sujet de sa condamnation.

On croit que son inimitié contre Démocrite avait pour principe le refus qu’avait fait celui-ci de l’admettre à ses entretiens[1]. Il se retira à Lampsaque où il mourut. Les magistrats de la ville l’ayant interrogé sur ce qu’il voulait qu’on fît en sa faveur, il demanda que tous les ans, le mois de sa mort fut un mois de repos et de fête pour l’enfance, coutume qui se conserve encore aujourd’hui. Après sa mort, les habitants de Lampsaque lui rendirent les honneurs funèbres et gravèrent sur son tombeau une inscription ainsi conçue :

Ici repose celui des hommes qui dans l’étude des phénomènes célestes approcha le plus de la vérité, Anaxagore.

Voici la mienne :

Anaxagore avait dit que le soleil est une pierre incandescente ; on le condamna à mort. Périclès son ami le sauva ; mais lui-même s’arracha la vie par une faiblesse peu digne d’un philosophe.

Il y a eu trois autres Anaxagore, qu’il ne faut pas confondre entre eux : un rhéteur de l’école d’Isocrate ; un sculpteur cité par Antigone, et un grammairien de l’école de Zénodote.

  1. Diogène de Laërte, au livre IX, ch. xxxiv, intervertit les rôles et dit que c’était Anaxagore qui avait repoussé les avances de Démocrite.