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autorité ne passera pas, je l’espère, à ses enfants ; car il est difficile que des hommes habitués à vivre libres, sous des lois sages, se résignent à la servitude. Pour toi, au lieu d’errer au hasard, viens me joindre en Crète où tu n’auras pas à craindre la cruauté d’un tyran. Sur le continent, je crains que tu ne rencontres des amis de Pisistrate et qu’il ne t’arrive malheur.

Quelques personnes ont prétendu, au dire de Démétrius, qu’Épiménide recevait des Nymphes une nourriture particulière qu’il conservait dans un pied de bœuf ; qu’il ne la prenait que peu à peu, ne faisant aucune dépense d’aliments par l’évacuation ; enfin qu’on ne le vit jamais manger. Il est aussi question d’Épiménide dans le second livre de Timée. Il y en a qui prétendent que les Crétois l’ont déifié et lui offrent des sacrifices.

On vante aussi son habileté à prévoir l’avenir : lorsqu’il vit le port de Munychia, dans l’Attique, il dit que si les Athéniens savaient combien ce lieu devait leur être funeste, ils le détruiraient avec les dents ; et cependant l’événement qu’il prédisait ainsi était bien loin encore. On rapporte encore qu’il prétendait avoir été d’abord Éaque ; on dit également qu’il avait prédit aux Lacédémoniens qu’ils seraient soumis par les Arcadiens, et qu’il prétendit être ressuscité plusieurs fois. Théopompe raconte, dans les Prodiges, qu’ayant bâti un temple aux Nymphes il entendit une voix céleste lui crier : « Épiménide, ne le dédie pas aux Nymphes, mais à Jupiter. » Il dit aussi qu’Épiménide avait prédit aux Crétois que les Lacédémoniens seraient vaincus par les Arcadiens, comme ils le furent en effet à Orchomène ; enfin, il prétend qu’il devint vieux tout à coup et qu’il lui suffit pour cela d’un nombre de jours égal à celui des années qu’il avait dormi. On lit dans les Faits historiques semblables de Myronianus, que