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quelque grande qualité cachée, capable de racheter de légères taches ; vanter son érudition et son éloquence. Ici encore, la tâche est embarrassante, et quelque agréable qu’il soit de surfaire son modèle, je suis forcé d’avouer mon impuissance. Avec Diogène, l’éloge ne sait où se prendre ; ce qu’on peut faire de mieux en sa faveur, c’est de le comparer à ces médailles un peu frustes qui n’ont de valeur que parce qu’elles sont uniques. Rhéteur sans goût et sans style, épigrammatiste sans esprit, érudit sans profondeur, il a cependant traversé les siècles et trouvé d’illustres interprètes. Aujourd’hui encore, son livre est d’un prix inestimable. C’est que l’utilité d’un monument ne se mesure pas toujours à sa régularité et à sa grandeur. Cette informe compilation, qui ressemble plus à un recueil d’anecdotes qu’à une histoire des doctrines philosophiques, renferme de précieux matériaux qu’on chercherait vainement ailleurs ; car Diogène, comme beaucoup d’abréviateurs, a survécu à la plupart des auteurs dont il nous a transmis les pages mutilées. C’est à cette seule circonstance qu’il faut attribuer l’intérêt qui, depuis la renaissance des études philosophiques, s’est constamment attaché aux Vies des Philosophes. Henri Estienne en a donné plusieurs éditions ; une foule de commentateurs, Aldobrandini, Isaac Casaubon, Meibom, Ménage, Kuehn, Rossi, ont comparé les manuscrits, indiqué les erreurs des copistes, expli-