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on le trouva mort, dans la même position. La ville lui fit de magnifiques funérailles et on grava cette inscription sur son tombeau :

Celle pierre couvre Bias, gloire de l’Ionie, né dans les champs illustres de Priène.

J’ai fait aussi sur lui cette épigramme :

Ici repose Bias. L’inflexible Mercure l’a conduit aux enfers quand déjà la neige de la vieillesse couvrait son front. Il plaidait en faveur d’un ami lorsque, se penchant sur le bras d’un enfant, il entra dans le sommeil éternel.

Il avait composé deux mille vers sur l’Ionie et les moyens de la rendre heureuse. Parmi ses sentences poétiques on a surtout remarqué la suivante :

Si vous habitez une ville, soyez affable pour tout le monde[1], vous serez bien vu de tous. Des manières hautaines ont souvent produit de tristes catastrophes.

On lui attribue encore ces maximes : « La force du corps est un don de la nature ; mais savoir donner à sa patrie un bon conseil est le propre de l’intelligence et de la sagesse. — Beaucoup de gens ne doivent leur fortune qu’au hasard. — Celui-là est malheureux, qui ne sait pas supporter le malheur. — C’est le propre d’une âme malade de désirer l’impossible et de ne pas songer aux maux d’autrui. »

Quelqu’un lui demandant ce qu’il y a de plus difficile : « C’est, dit-il, de supporter un revers de fortune. »

Il était un jour en mer avec des gens impies ; une tempête s’étant élevée tout à coup, ses compagnons

  1. Je rétablis le texte vulgaire : Ἀστοῖσιν ἄρεσκε πᾶσιν ἐν πόλει αἴκε μένῃς.