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souillure, et tenait ses regards sans cesse fixés sur la divinité, qu’il aimait de toutes les forces de son âme ; qu’il faisait tout enfin pour se dégager de ses liens et s’élancer hors des flots amers de la vie charnelle. Éclairé par la lumière d’en haut, tenant sa pensée sans cesse élevée vers le Dieu premier et suprême, il parcourut tous les degrés indiqués dans le Banquet de Platon, et vit la divinité se révéler à lui sans forme, sans attributs ; il contempla le dieu premier, supérieur à l’intelligence et à tous les intelligibles. Moi aussi j’eus le bonheur, mais une fois seulement, de contempler ce dieu suprême et de m’unir à lui, à l’âge de soixante-six ans. Plotin put donc atteindre ce but de tous ses efforts ; car le terme de ses désirs était de contempler le dieu universel et de s’abîmer en lui. Quatre fois il toucha le but, pendant que j’étais avec lui, non pas en puissance, mais en acte et en réalité. L’oracle ajoute que « souvent, lorsqu’il s’égarait dans des voies obliques, les dieux l’ont ramené en faisant luire à ses yeux les rayons de la céleste lumière, » ce qui indique assez que Plotin a composé ses ouvrages, éclairé et inspiré par eux. Il dit encore : « Ta pensée infatigable sans cesse dirigée sur toi-même et au dehors[1], a contemplé une foule de spectacles agréables, tels que n’en vit jamais aucun des hommes qui se sont appliqués à la philosophie. » En effet, la science d’un homme peut être supérieure à celle d’un autre, mais comparée à la connaissance divine elle est simplement agréable, ne pouvant sonder, comme le font les dieux, l’abîme de la vérité. Jusqu’ici l’oracle a montré quel était Plotin dans son enveloppe corporelle, et jusqu’où il s’était élevé : le dieu nous apprend ensuite qu’une fois

  1. Cette dernière idée ne se trouve pas dans l’oracle.