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Il a composé six cents vers d’élégies et un traité en prose, sur les Lois, à l’usage de ses concitoyens. Il florissait vers la quarante-deuxième olympiade et mourut dans un âge avancé, sous Aristomène, la troisième année de la cinquante-deuxième olympiade ; il avait alors soixante-dix ans. On mit cette épitaphe sur son tombeau :

Ici repose Pittacus, fils d’Hyrrhadius. Lesbos qui lui a donné le jour arrose de ses larmes le tombeau qu’elle lui a élevé.

On lui doit cette maxime : « Saisissez l’occasion. »

Phavorinus, au premier livre des Commentaires, et Démétrius, dans les Homonymes, citent un autre Pittacus, également législateur, surnommé Pittacus le Petit. Quant au sage, Callimaque rapporte dans ses épigrammes la réponse qu’il fit à un jeune homme qui le consultait sur son mariage :

Un habitant d’Atarné fit un jour cette question à Pittacus de Mitylène : « Bon vieillard, je puis choisir entre deux jeunes filles ; l’une m’est supérieure par la fortune et la naissance, l’autre est du même rang que moi ; que faire ? Dis-moi ton avis ; laquelle dois-je épouser ? À ces mots Pittacus levant son bâton, arme de la vieillesse, lui dit : « Vois ; ceux-ci te diront tout ce que tu veux savoir (et en même temps il lui montrait des enfants qui, sur une vaste place, faisaient rapidement tourner leurs toupies à coups de fouet) ; suis leur exemple. » L’étranger s’approche et les entend crier : « À toi, celle qui est à ta portée. » C’en fut assez ; instruit par le jeu des enfants, il ne prit point femme de haut parage et fit un mariage assorti. Suivez son exemple et prenez une femme de votre rang.

Il est vraisemblable que Pittacus parlait ainsi d’après sa propre expérience ; car il avait épousé une femme d’une condition supérieure à la sienne, la sœur de Dracon, fils de Penthilus, de l’orgueil de laquelle il eut beaucoup à souffrir.