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mette dans la voie. Je n’ai été mû, dans cette circonstance, que par un désir ardent de t’être agréable. Porte-toi bien.

XVII.

J’ai cité cette lettre pour prouver que même ses contemporains l’accusaient de se parer des dépouilles de Numénius, qu’ils le regardaient comme un vain parleur et le méprisaient faute de le comprendre. Cela tenait en grande partie à ce qu’il mettait complétement de côté toute prétention théâtrale, tout le charlatanisme des sophistes. Ses leçons ressemblaient à des entretiens familiers ; dans la discussion même, il réservait ses forces et se montrait peu empressé à étaler devant tout le monde la puissance de sa dialectique. J’en fis moi-même l’expérience lorsque je l’entendis pour la première fois. Pour le forcer à s’expliquer, j’écrivis contre lui une dissertation où je m’efforçais de prouver que les intelligibles sont en dehors de l’intelligence. Il se fit rendre compte de l’ouvrage par Amélius, et lorsqu’il en connut le contenu, il lui dit en souriant : « C’est à toi, Amélius, qu’il appartient de résoudre des objections qui ne proviennent que de l’ignorance où il est de nos doctrines. » Amélius composa en effet un long traité contre les objections de Porphyre. J’y répondis ; il me réfuta de nouveau ; enfin je parvins à comprendre la pensée de Plotin ; je me rétractai, et je lus dans une de nos réunions un traité où je chantais la palinodie. À partir de ce moment, j’eus une grande confiance dans les ouvrages de Plotin, et je l’excitai vivement à déterminer plus exactement sa pensée, à l’exposer d’une manière plus large dans ses écrits. Je contribuai aussi par mes instances à développer chez Amélius l’habitude d’écrire.