Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/617

Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est pour cela que Longin, au début de l’ouvrage sur l’Effort, dédié à Cléodamus et à moi, s’exprime ainsi : Cléodamus et Malchus, etc. Amélius, au contraire, traduisait mon nom, à l’exemple de Numénius, qui avait transformé Maximus en Mégalus.

L’ouvrage dont j’ai parlé commençait ainsi :

AMÉLIUS AU ROI, SALUT.

Si j’élève la voix, ce n’est pas, sache-le bien, pour répondre à ces respectables partisans de Numénius d’Apamée qui revendiquent en son nom les doctrines de notre ami, et dont les récriminations, me dis-tu, sont venues jusqu’à toi. Il est évident en effet qu’ils n’ont été mus dans cette circonstance que par les sentiments de bienveillance et de modestie qu’on leur connaît. C’est par bonté qu’ils le tournent en ridicule, l’appellent diseur de riens, plagiaire, et l’accusent de mettre en avant les opinions les plus perverses. J’aurais donc laissé passer leurs attaques ; mais tu as pensé qu’il fallait profiter de cette occasion pour nous remettre en mémoire et fixer nos opinions ; il t’a semblé, d’un autre côté, que nous devons à Plotin ce témoignage d’affection ; qu’il était bon, dans l’intérêt même de sa gloire, que les doctrines d’un homme aussi éminent, quoique depuis longtemps répandues, fussent exposées d’une manière plus complète : je me rends donc à ton désir, et t’envoie ce que je t’ai promis. C’est, tu le sais, l’œuvre de trois jours. Je ne me suis point proposé de comparer les écrits de Plotin, d’extraire et de coordonner ses opinions ; je n’ai voulu que mettre en œuvre les souvenirs de nos anciens entretiens, sans même suivre aucun ordre méthodique. Aussi je réclame, et à bon droit, ton indulgence ; j’en ai d’autant plus besoin que la pensée du maître, dont beaucoup de personnes nous demandent le dernier mot, afin de le juger sur l’accord de nos sentiments, n’est pas toujours facile à saisir ; car souvent les mêmes questions sont traitées chez lui de plusieurs manières différentes. Mais si je me trompe dans l’exposition des doctrines que j’ai empruntées à son foyer domestique, tu voudras bien me corriger, je n’en doute pas. Affairé comme je suis, — pour parler comme le personnage de la tragédie, — un peu étranger par cela même aux doctrines de notre maître, j’ai besoin d’un guide qui me re-