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disciples d’Ammonius. Zéthus était aussi médecin, et fort avant dans l’affection de Plotin. Il avait suivi, malgré les conseils de celui-ci, la carrière des affaires et avait obtenu une certaine influence politique. Plotin en agissait très-familièrement avec lui, au point qu’il se retira sur ses terres, dans une maison de campagne, à six milles en avant de Minturnes. Cette propriété avait été acquise, après la mort de Zéthus, par Castricius, surnommé Firmus, l’un des hommes les plus distingués de notre temps. Il avait un profond respect pour Plotin, témoignait à Amélius, en toute circonstance, le dévouement d’un fidèle serviteur, et me traita toujours moi-même comme un frère.

Un grand nombre de sénateurs venaient aussi entendre Plotin ; quelques-uns même, — en particulier Marcellus, Orontius et Sabellinus, — s’adonnèrent avec ardeur à l’étude de la philosophie et y firent des progrès réels. Un autre sénateur, nommé Rogatianus, également disciple de Plotin, se prit d’un si profond dégoût pour les choses de cette vie, qu’il laissa tous ses biens, renvoya ses esclaves et renonça à ses dignités. Investi des fonctions de préteur, il refusa de prendre possession de sa charge, lorsque déjà les licteurs étaient à ses ordres, et ne voulut s’occuper d’aucune affaire. Il n’habitait même pas sa propre maison, mais se retirait chez quelques-uns de ses amis et de ses familiers, dînant ici, couchant là, et ne mangeant jamais qu’un jour sur deux. Cette indifférence, ce dédain des soins de la vie eurent pour lui les plus heureux effets : tourmenté auparavant de la goutte, au point de ne pouvoir sortir qu’en litière, il reprit toute sa vigueur ; ses mains, qu’il ne pouvait plus étendre, recouvrèrent leur souplesse ; le tact acquit chez lui autant et plus de délicatesse que chez