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les Chroniques, que les Athéniens ne laissèrent pas de le contester dans la suite aux Mityléniens ; que Périandre fut choisi pour arbitre, et qu’il l’adjugea aux Athéniens. Pittacus, par cette victoire, se concilia si bien la faveur de ses concitoyens, qu’ils lui conférèrent l’autorité suprême. Il la garda dix ans, mit ordre aux affaires de l’État et se démit ensuite du pouvoir. Il survécut dix autres années à cette abdication.

Les Mityléniens lui firent don d’un terrain qu’il consacra, et qui, aujourd’hui encore, s’appelle le champ de Pittacus. Toutefois Sosicrate prétend qu’il en consacra seulement une partie et se réserva le reste en disant que la moitié était plus que le tout. On dit aussi que Crésus lui ayant envoyé de l’argent, il le refusa, sous prétexte qu’il était déjà deux fois trop riche, ayant hérité de son frère mort sans enfants. Pamphila raconte, au second livre des Commentaires, que son fils Tyrrhée se trouvant à Cumes, dans la boutique d’un barbier, y fut tué par une hache que jeta maladroitement un forgeron. Les Cuméens livrèrent le meurtrier à Pittacus ; mais celui-ci, après avoir pris connaissance des faits, le renvoya libre, en disant : « Mieux vaut le pardon que le repentir. » Suivant Héraclite, ce serait en rendant la liberté à Alcée, prisonnier entre ses mains, qu’il aurait dit : « Il vaut mieux pardonner que punir. »

Il fit des lois, une entre autres qui punissait du double toute faute commise dans l’ivresse. Il avait pour but, par cette disposition, de prévenir l’ivrognerie, l’île produisant beaucoup de vin.

Une de ses maximes était qu’il est difficile de rester vertueux. Simonide a dit à ce sujet :

La vertu est chose bien difficile, suivant le mot de Pittacus.