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Si l’on rejette absolument l’autorité de l’un des sens, sans avoir soin de distinguer les divers éléments du jugement, à savoir, d’une part, l’induction qui va au delà de la sensation actuelle ; de l’autre, la notion actuelle et immédiate, les affections et toutes les conceptions de l’esprit qui s’appuient directement sur la représentation sensible, on portera le trouble même dans les autres sens et on anéantira par là toute espèce de criterium.

Si on accorde une égale autorité aux idées qui, n’étant qu’inductives, ont besoin d’être vérifiées, et à celles qui portent avec elles une certitude immédiate, on n’échappera pas à l’erreur ; car on confondra par là les opinions douteuses avec celles qui ne le sont pas, les jugements vrais et ceux qui n’ont pas ce caractère.

Si à chaque instant nous ne rapportons chacune de nos actions et la fin de la nature ; si nous nous en détournons pour rechercher ou éviter quelque autre objet, il y aura désaccord entre nos paroles et nos actions.

De toutes les sources de bonheur que nous devons à la sagesse, la plus abondante de beaucoup est l’amitié.

Ce qui doit surtout nous confirmer dans l’espérance qu’aucun mal n’est pour nous éternel, ni même de longue durée, c’est la pensée que même dans le court intervalle de la vie l’amitié nous offre des ressources inépuisables.

Parmi les désirs, les uns sont naturels et nécessaires ; les autres naturels, mais non nécessaires ; d’autres enfin ne sont ni naturels ni nécessaires, et ne tiennent qu’à de vaines opinions. — [Épicure appelle naturels et nécessaires ceux qui vont à la satisfaction d’un besoin accompagné de douleur, comme le désir de boire, dans la soif ; il appelle naturels, mais non nécessaires, ceux qui tendent non à soulager la douleur, mais à varier les plaisirs, par exemple le désir d’une nourriture délicate et somptueuse ; enfin, parmi ceux qui ne sont ni naturels ni nécessaires, il range tous les désirs frivoles, par exemple le désir des couronnes et des statues.] — Les désirs qui n’entraînent pas de douleur, lorsqu’ils ne sont point satisfaits,