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damment d’un sujet ; bien plus, comme ce ne sont pas des attributs nécessairement inhérents à l’idée de corps, on ne peut les percevoir qu’au moment où ils apparaissent. Ce sont des réalités, cependant, et il ne faudrait point leur refuser l’être et l’existence par cela seul qu’ils n’ont ni le caractère des ensembles auxquels nous donnons le nom de corps, ni celui des attributs éternels. On se tromperait également en supposant qu’ils ont une existence propre et indépendante ; car cela n’est vrai ni pour eux, ni pour les attributs éternels. Ce sont, on le voit clairement, des accidents du corps, accidents qui ne font pas nécessairement partie de sa nature ; qui ne peuvent pas non plus être considérés comme des substances indépendantes, mais à chacun desquels la sensation donne le caractère particulier sous lequel il nous apparaît.

Une autre question importante est celle du temps. Ici on ne peut plus appliquer le mode d’investigation auquel nous soumettons les autres objets, que nous étudions dans un sujet donné, et que nous rapportons aux prénotions qui sont en nous-mêmes. Il nous faut saisir, par analogie et en parcourant le cercle des choses comprises sous cette dénomination générale de temps, il faut saisir, dis-je, le caractère essentiel qui fait que nous disons que le temps est long ou qu’il est court. Il n’est pas nécessaire pour cela de chercher de nouvelles dénominations comme préférables à celles qui sont usitées ; contentons-nous de celles par lesquelles le temps est ordinairement désigné. Il ne faut pas non plus, comme certains philosophes, affirmer du temps quelque attribut particulier, car cela ferait supposer que son essence est la même que celle de cet attribut. Il suffit de rechercher de quoi on compose et avec quoi on mesure cette nature particulière qui est le temps. Pour cela il n’y a pas besoin de démonstration ; une simple exposition suffit : il est évident en effet que nous le composons des jours, des nuits et de leurs parties ; la passion et l’impassibilité, le mouvement et le repos sont également compris dans le temps ; enfin il est évident qu’à propos de ces divers états nous concevons une propriété particulière à laquelle nous donnons le nom de temps.

[Il expose les mêmes principes dans le second livre du traité de la Nature et dans le Grand Abrégé.]

C’est de l’infini qu’ont été tirés les mondes et tous les agrégats finis qui présentent de nombreuses analogies avec ceux que nous observons sous nos yeux. Chacun de ces objets, grands