Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/559

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de nous ; car ces deux mouvements, envisagés en eux-mêmes et dans leur ensemble, sont conçus comme réellement opposés l’un à l’autre dans leur marche vers l’infini.

De plus, tous les atomes sont nécessairement animés de la même vitesse, lorsqu’ils se meuvent à travers le vide où aucun choc ne les entrave. Car pourquoi les atomes lourds auraient-ils un mouvement plus rapide que les atomes petits et légers, puisque de part et d’autre ils ne rencontrent aucun obstacle ? Pourquoi les petits auraient-ils une vitesse supérieure aux grands, les uns et les autres trouvant partout un passage facile, du moment où aucun choc n’entrave leur mouvement ? Mouvement de bas en haut, mouvement horizontal de va-et-vient en vertu de la percussion réciproque des atomes, mouvement en bas, en vertu de leur propre poids, tout sera égal, car dans quelque sens que l’atome se porte, il doit avoir un mouvement aussi rapide que la pensée, jusqu’au moment où il est répercuté, en vertu d’une cause extérieure ou de son propre poids, par le choc d’un objet résistant.

Même dans les composés, un atome ne se meut pas plus rapidement qu’un autre ; en effet, si l’on n’envisage que le mouvement continu de l’atome, qui s’accomplit dans un instant indivisible, le plus court possible, tous ont un mouvement également rapide[1]. Toutefois, l’atome n’a pas dans un temps

  1. Les atomes ont tous un mouvement de va-et-vient, un mouvement oscillatoire ; si l’on ne considère que le mouvement dans une seule direction, avant qu’il y ait retour de l’atome à la position première, ce mouvement s’accomplit dans le temps le plus court possible ; et par conséquent la durée de ce mouvement élémentaire est la même pour tous. Mais cela n’est plus applicable au mouvement des atomes dans un temps plus long, c’est-à-dire dans un temps que nous puissions concevoir et mesurer avec l’intelligence ; car alors il n’y a plus mouvement dans un seul sens, mais mouvement de va-et-vient, chocs fréquents, desquels résulte le mouvement continu de l’atome. Il faut donc considérer trois moments dans le mouvement des atomes qui forment les corps : 1o dans le temps le plus court possible, un mouvement dans une seule direction, mouvement également rapide pour tous les atomes ; 2o dans un temps plus long, accessible à la raison, une série de mouvements de va-et-vient ; 3o dans un temps sensible, un mouvement continu résultant de ces mouvements oscillatoires que la raison seule peut concevoir. Nous