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pas, elle donne la vérité. Il faut retenir soigneusement ces principes afin de ne point rejeter l’autorité des facultés qui perçoivent directement la vérité, et pour ne pas jeter d’un autre côté le trouble dans l’intelligence en accordant au faux la même confiance qu’au vrai.

L’audition est produite par une sorte de courant émanant de l’objet qui parle, ou qui produit un son, un bruit, en un mot qui excite d’une manière quelconque les sensations de l’ouïe. Ce courant se subdivise en plusieurs parties, semblables entre elles, et qui, conservant non-seulement un certain rapport les unes avec les autres, mais même une sorte d’identité particulière avec l’objet dont elles émanent, nous mettent le plus souvent en communication de sentiments avec cet objet, ou du moins nous font connaître l’existence de quelque chose d’extérieur. Si ces courants ne portaient pas avec eux quelque chose de la manière d’être de l’objet, cette communication de sentiments serait impossible. Il ne faut donc pas croire que c’est l’air qui reçoit une certaine forme sous l’action de la voix ou de tout autre son ; car il est de toute impossibilité que la voix agisse ainsi sur l’air. Mais la percussion produite en nous lorsqu’il y a émission de voix donne lieu à un dégagement de certaines particules[1] qui constituent un courant semblable à un souffle léger, et de là résulte pour nous la sensation acoustique.

On doit admettre qu’il en est de l’odorat comme de l’ouïe : il n’y aurait aucune sensation d’odeur s’il n’émanait des objets certaines particules capables de faire impression sur l’odorat, les unes mal appropriées à l’organe et qui y portent le désordre, les autres appropriées et qui agissent sans trouble.

On doit admettre aussi que les atomes ne possèdent aucune des qualités des objets sensibles, à l’exception de la forme, de la pesanteur, de l’étendue, et de tout ce qui est nécessairement inhérent à la forme. En effet, toute qualité est variable ; mais les atomes sont nécessairement invariables ; car il faut bien que dans la dissolution des complexes il y ait quelque chose qui persiste, solide et indestructible, de telle sorte que

  1. Le texte reçu n’est susceptible d’aucun sens. Un des manuscrits de la Bibliothèque royale donne une autre leçon : Τοιαύτην ἐκληθὴν ὄγνων τινων. Le mot ἐκληθήν doit être une corruption de quelque autre accusatif, par exemple ἐκροὴν ou ἐκϐολήν.