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d’images à ces représentations. Lorsque leur mouvement à travers le vide a lieu sans obstacle et sans choc, elles franchissent dans un temps insaisissable à la pensée toute étendue concevable ; car c’est le choc ou l’absence de choc qui produisent la rapidité ou la lenteur du mouvement. Toutefois, un corps en mouvement ne se trouve pas, dans un temps saisissable à la pensée, en plusieurs lieux à la fois ; cela ne saurait se concevoir[1] ; de quelque point de l’infini qu’il arrive dans un temps appréciable, et quelque soit le lieu de sa course où nous saisissons son mouvement, il a déjà quitté ce lieu au moment de la pensée. Car ce mouvement que nous avons admis jusqu’ici ne rencontrer aucun obstacle à sa vitesse, est absolument dans les mêmes conditions que celui dont la rapidité est ralentie par le choc.

Il est utile aussi de retenir ce principe, à savoir que les images ont une ténuité incomparable, — ce qui, du reste, n’est nullement contredit par les apparences sensibles ; — d’où il suit que leur vitesse est aussi incomparable ; car elles trouvent partout un passage facile, et de plus leur infinie petitesse fait qu’elles n’éprouvent aucun choc ou n’en éprouvent que fort peu, tandis qu’une multitude infinie d’éléments rencontre bientôt quelque obstacle.

Il ne faut pas oublier non plus que la production des images est simultanée à la pensée, car de la surface des corps s’écoulent continuellement des images de ce genre, d’une manière insensible cependant, parce qu’elles sont immédiatement remplacées. Elles conservent longtemps la même disposition et le même arrangement que les atomes dans le solide, quoique pourtant leur forme puisse quelquefois être altérée. La production directe des images dans l’espace est également instantanée[2], parce que ces images ne sont que des surfaces légères et sans profondeur.

Du reste, on verra clairement qu’il n’y a rien la qui soit contredit par les données sensibles, si l’on fait attention au mode d’exercice des sens, et si on veut expliquer les rapports qui

  1. Je rétablis ainsi le texte, avec le secours des manuscrits : ἀδιανόητον γάρ· καὶ τ. σ. ε. α. χ. ὅθεν δή ποτε τοῦ ἀπείρου, ἐξ οὗ ἄν π.
  2. Il ne s’agit pas ici des images qui émanent des corps, mais bien de celles qui se forment spontanément.