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d’envie et que Pyrrhon était un ignare et un malappris. »

Tels sont les reproches qu’on lui adresse. Mais tous ces gens-là déraisonnent ; car une foule de témoins dignes de foi ont attesté sa bienveillance sans bornes envers tout le monde. La noblesse de son caractère a pour preuves les statues d’airain dont l’a honoré sa patrie, ses nombreux amis, que des villes entières n’auraient pu contenir, et cette foule de disciples que retenait auprès de lui le charme de sa doctrine. Un seul fit exception, Métrodore de Stratonice, qui passa à Carnéade, sans doute parce qu’il ne pouvait supporter les vertus incomparables d’Épicure. Faut-il invoquer encore la perpétuité de son école, qui seule s’est maintenue lorsque presque toutes les autres étaient oubliées, et a produit une foule innombrable de philosophes qui se sont succédé sans interruption ? Que dire de sa piété filiale, des services qu’il rendit à ses frères, de sa douceur pour ses esclaves, attestée par son testament ? Il les associait même à ses études, en particulier Mus, le plus célèbre d’entre eux. Enfin il avait pour tout le monde une bienveillance incomparable. Rien ne saurait exprimer sa piété envers les dieux, son amour pour sa patrie. Son excessive modestie l’empêcha toujours de prendre part au maniement des affaires. Il a traversé les temps les plus difficiles de la Grèce, sans la quitter jamais, à part deux ou trois voyages qu’il fit en Ionie, auprès de ses amis. Ceux-ci au contraire accouraient de tous côtés, suivant Apollodore, pour venir vivre avec lui dans le jardin où il avait établi son école et qu’il avait acheté quatre-vingts mines. Dioclès rapporte, au troisième livre des Excursions, que leur vie était d’une sobriété et d’une simplicité excessives ; un cotyle de petit vin