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l’entendement, par la même raison. Mais en dehors de ces deux facultés, on ne trouve aucun autre critérium. Ainsi, disent-ils, si l’on veut arriver à quelque certitude relativement aux données sensibles ou intelligibles, on devra d’abord établir les opinions antérieurement émises à propos de ces données ; car ces opinions sont contradictoires ; il faudra ensuite les apprécier au moyen des sens ou de l’entendement ; mais l’autorité de ces deux facultés est contestée. Il devient donc impossible de porter un jugement critique sur les opérations des sens et de l’entendement.

D’un autre côté, la lutte des diverses opinions nous condamnant à la neutralité, la mesure qu’on croyait devoir appliquer à l’appréciation de tous les objets, est par là même enlevée, et on doit accorder à toutes choses une égale valeur.

« Nos adversaires nous diront peut-être[1] : « Les apparences sont-elles fidèles ou trompeuses ? » Nous répondons que si elles sont fidèles, ils n’ont rien à objecter à ceux qui se rendent à l’apparence contraire à celle qu’ils adoptent eux-mêmes ; car s’ils sont croyables lorsqu’ils disent ce qui leur semble vrai, celui auquel semble le contraire, l’est également ; que si les apparences sont trompeuses, ils ne méritent eux-mêmes aucune confiance lorsqu’ils avancent ce qui leur paraît vrai. Il ne faut pas croire d’ailleurs qu’une chose soit vraie par cela seul qu’elle obtient l’assentiment ; car tous les hommes ne se rendent pas aux mêmes raisons ; le même individu ne voit pas toujours de la même manière. La persuasion tient souvent à des causes extérieures, à l’autorité de celui qui parle,

  1. Diogène transcrit ici, sans en avertir, les raisonnements de quelque sceptique.