Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/516

Cette page a été validée par deux contributeurs.

férents ; d’où il suit qu’il n’y a aucune raison de croire qu’il est tel qu’il paraît et non autre.

Le quatrième s’appuie sur les dispositions du sujet et les diverses modifications qu’il subit, par exemple la santé, la maladie, le sommeil, la veille, la joie, la tristesse, la jeunesse, la vieillesse, la confiance, la crainte, le besoin, l’abondance, la haine, l’amitié, le chaud, le froid, la respiration facile, l’obstruction du canal respiratoire. Les objets nous paraissent différents suivant les dispositions du moment ; la folie elle-même n’est pas un état contre nature ; car qui nous prouve de quel côté est la raison, de quel côté la folie ? Nous-mêmes ne voyons-nous pas le soleil immobile ? Le stoïcien Théon de Tithora se promenait tout endormi sur le haut d’un toit ; un esclave de Périclès en faisait autant.

Le cinquième trope porte sur les institutions, les lois, la croyance aux mythes religieux, les conventions particulières à chaque nation, les opinions dogmatiques. Il embrasse tout ce qui a rapport au vice et à l’honnêteté, au vrai et au faux, au bien et au mal, aux dieux, à la production et à la destruction de toutes choses. Ainsi la même action est juste pour les uns, injuste pour les autres, bonne ici, mauvaise ailleurs. Les Perses trouvent tout naturel d’épouser leur sœur ; aux yeux des Grecs, c’est un sacrilége. Les Massagètes, suivant Eudoxe, dans le Ier livre du Tour du Monde, admettent la communauté des femmes ; les Grecs la réprouvent. Les Ciliciens approuvent le vol ; les Grecs le condamnent. Autres pays, autres dieux : les uns croient à la providence, les autres non ; les Égyptiens embaument leurs morts ; les Romains les brûlent ; les Péoniens les jettent dans des marais. Autant de motifs pour ne rien prononcer sur la vérité.