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C’est ainsi que pour dire que l’espace n’existe pas, il faut employer le mot espace ; mais alors c’est dans un sens négatif, et non dogmatiquement. De même encore pour dire que la nécessité n’est cause de rien, il faut nommer la nécessité. C’est de la même manière que les sceptiques disent que les choses ne sont point en elles-mêmes ce qu’elles nous paraissent, et que tout ce qu’on peut en affirmer, c’est qu’elles paraissent telles. « Nous doutons, disent-ils, non pas de ce que nous pensons, — car notre pensée est pour nous évidente, — mais de la réalité des choses qui nous sont connues par les sens. »

Le système pyrrhonien est donc « une simple exposition des apparences, ou des notions de toute espèce, au moyen de laquelle, comparant toute chose à toute chose, on arrive à ce résultat qu’il n’y a entre ces notions que contradiction et confusion. » Telle est la définition qu’en donne Énesidème dans l’Introduction au Pyrrhonisme. Quant à la contradiction des doctrines, après avoir montré d’abord comment et par quelles raisons les objets obtiennent notre assentiment, ils s’appuient sur ces raisons mêmes pour détruire toute croyance à l’existence de ces objets. Ainsi ils disent que nous regardons comme certaines les choses qui produisent toujours des impressions analogues sur les sens, celles qui ne trompent jamais ou ne trompent que rarement, celles qui sont habituelles ou établies par les lois, celles qui nous plaisent ou excitent notre admiration ; ensuite ils prouvent que les raisons opposées à celles sur lesquelles se fonde notre assentiment méritent une égale créance.

Les difficultés qu’ils élèvent relativement à l’accord des apparences sensibles ou des notions, forment dix tropes ou arguments dont l’objet est d’établir que le