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parce qu’ils examinaient toujours sans jamais trouver ; le nom d’éphectiques indiquait le résultat de leurs recherches, c’est-à-dire la suspension du jugement ; enfin on les nommait aporétiques, parce qu’ils prétendaient que les dogmatiques cherchaient la vérité sans l’avoir rencontrée encore, et qu’eux-mêmes ne faisaient pas autre chose. Théodose prétend, dans les Sommaires sceptiques, que la philosophie sceptique ne doit pas être appelée pyrrhonienne ; « car, dit-il, puisque d’après les principes du scepticisme il est impossible de connaître les pensées d’un autre, nous ne pouvons pas connaître les sentiments de Pyrrhon, et par conséquent nous ne pouvons nous nommer pyrrhoniens. » Il ajoute que Pyrrhon d’ailleurs n’est pas l’inventeur du scepticisme et qu’il n’avait aucun dogme ; que par conséquent le titre de pyrrhonien indique tout au plus une analogie de sentiments.

Quelques-uns prétendent qu’Homère est le premier auteur de ce système, parce que, plus qu’aucun autre écrivain, il exprime sur les mêmes choses des idées différentes, sans jamais rien affirmer ni définir expressément. Ils trouvent aussi le scepticisme chez les sept sages, par exemple dans cette maxime : Rien de trop ; et dans cette autre : Caution, ruine prochaine, indiquant que faire une promesse positive c’est s’exposer à quelque malheur. Archiloque et Euripide sont aussi sceptiques, suivant eux, Archiloque pour avoir dit :

Cher Glaucus, fils de Leptine, les opinions des mortels changent avec les jours que leur envoie Jupiter ;

Euripide pour ces vers :

Misérables mortels ! pourquoi parler de notre sagesse ? Nous