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marché, quand cela se rencontrait, la volaille et les cochons de lait à vendre ; indifférent à tout, il nettoyait les ustensiles de ménage, et même il lavait la truie, à ce qu’on assure. Un jour qu’il s’était emporté contre sa sœur Philista, on lui fit remarquer cette inconséquence : « Ce n’est pas d’une femmelette, dit-il, que dépend la preuve de mon indifférence. » Une autre fois on lui reprochait de s’être mis en garde contre un chien qui l’attaquait ; il répondit qu’il était difficile de dépouiller entièrement l’humanité, mais qu’il fallait faire tous ses efforts pour mettre sa conduite en harmonie avec les choses, ou, si on ne le pouvait pas, pour y approprier du moins ses discours. On rapporte qu’une blessure qu’il avait nécessita l’emploi des révulsifs et même l’usage du fer et du feu, et qu’on ne le vit point sourciller pendant l’opération. Timon a bien dépeint son caractère dans l’écrit à Pithon. Philon d’Athènes, un de ses amis, raconte qu’il citait fréquemment Démocrite et Homère pour lesquels il professait une haute admiration. Il avait sans cesse à la bouche ce vers du poëte :

Les hommes sont semblables aux feuilles des arbres[1].

Il aimait aussi la comparaison qu’il fait des hommes avec les guêpes, les mouches et les oiseaux. Il citait également ces vers :

Mais toi, meurs à ton tour. Pourquoi gémir ainsi ? Patrocle est mort, et il valait mieux que toi[2] ;


et tous ceux qui expriment la fragilité, la vanité et la futilité des choses humaines.

  1. Iliade, XXIV, 146.
  2. Ibid., XXI, 106 et 107