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cela tu as obéi plutôt à l’amour du bien public qu’à un sentiment de haine personnelle ; d’ailleurs tu ignorais quelle serait mon administration. Si tu l’avais su, tu aurais vu sans déplaisir le succès de mon entreprise, et tu serais encore parmi nous. Reviens donc à Athènes ; je n’ai pas besoin de te jurer que Solon n’a rien à craindre de Pisistrate ; car tu sais que mes ennemis eux-mêmes n’ont eu qu’à s’applaudir de moi. Si tu veux être de mes amis, tu seras au premier rang, car je connais la bonne foi et ta loyauté. Que si tu ne veux point habiter Athènes, tu es libre ; mais du moins ce n’est pas moi qui t’exile de ta patrie.


Telle est la lettre de Pisistrate.

Solon fixait à soixante-dix ans le terme de la vie humaine. Voici quelques-unes de ses lois les plus sages : Si quelqu’un refuse de soutenir ses parents, qu’il soit déclaré infâme. Qu’il en soit de même de celui qui aura dissipé son patrimoine. Qu’il soit permis à chacun d’accuser l’homme oisif. — Lysias dit, dans la harangue contre Nicias, que cette dernière loi fut établie par Dracon, et que Solon ne fit que la confirmer. — Il déclara exclu des charges publiques l’homme qui se prostituerait à un autre ; il modéra les récompenses assignées aux athlètes : pour les jeux olympiques, le prix fut réduit à cinq cents drachmes, à cent pour les jeux isthmiques ; les autres dans la même proportion. Il était absurde, disait-il, d’accorder à des athlètes des récompenses qui devraient être réservées à ceux qui mouraient dans les guerres, et consacrées à nourrir et élever leurs enfants aux frais du public. Ce fut là, du reste, ce qui produisit tant d’actions d’éclat, tant de guerriers illustres, tels que Polyzélus, Cynégire, Callimaque et tous les héros de Marathon, sans compter Harmodius, Aristogiton, Miltiade et mille autres. Quant aux athlètes, leur éducation est coûteuse, leurs victoires ruineuses ; en un mot, leurs