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Voici la réponse :

HÉRACLITE D’ÉPHÈSE AU ROI DARIUS, FILS D’HYSTASPE, SALUT.

Tous les hommes aujourd’hui s’écartent de la vérité et de la justice, tout entiers à l’ambition et à la gloire, les misérables insensés ! Pour moi qui ignore complétement le mal, qui n’ai rien tant à cœur que d’éviter l’envie importune et d’échapper à l’orgueil de la puissance, je ne mettrai pas le pied sur la terre des Perses. Je me contente de peu et je vis à ma fantaisie.


Tel était Héraclite, même à l’égard d’un roi. Démétrius rapporte dans les Homonymes qu’il ne daigna pas non plus visiter les Athéniens, qui cependant avaient de lui une haute opinion, et que, malgré le mépris des Éphésiens pour sa personne, il préféra rester dans sa patrie. Démétrius de Phalère parle aussi de lui dans l’Apologie de Socrate.

Il a eu un grand nombre de commentateurs : Antisthène, Héraclide de Pont, Cléanthe, Sphérus le stoïcien, Pausanias, surnommé l’Héraclitiste, Nicomède, Denys, et, parmi les grammairiens, Diodote. Ce dernier prétend que le traité d’Héraclite ne roule pas sur la nature, mais bien sur la politique, et que ce qui a trait à la nature ne s’y rencontre qu’à titre d’exemple. Enfin, on trouve dans Hiéronymus que Scynthius, poète ïambique, avait entrepris de mettre cet ouvrage en vers. Il existe sur Héraclite plusieurs épigrammes, celle-ci entre autres :


Je suis Héraclite ; pourquoi me torturez-vous ? ignorants. Ce n’est pas pour vous que j’ai travaillé, mais pour ceux qui peuvent me comprendre. Pour moi un homme en vaut trente mille ; une multitude n’en vaut pas un seul. Voilà ce que je vous dis du fond du palais de Proserpine.