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mations contraires auxquelles préside la destinée ; que tout est plein d’âmes et de démons. Il a aussi traité des phénomènes particuliers de l’univers ; Il prétendait que le soleil n’est pas plus grand qu’il ne paraît ; qu’en vain suivrait-on toutes les routes, on ne pouvait pas trouver les limites de l’âme, tant ses profondeurs sont incommensurables. Il appelait l’arrogance une maladie sacrée et disait que la vue est trompeuse. Quelquefois ses écrits sont clairs et saisissants ; accessibles alors aux plus lentes intelligences, ils excitent dans l’âme un vif enthousiasme. Le style en est toujours d’une concision et d’une vigueur incomparables.

Quant aux détails de son système, il enseigne que le feu est l’élément unique et que tout provient des transformations du feu, en vertu de raréfactions et de condensations successives ; du reste il n’entre à ce sujet dans aucune explication. La contrariété préside à ces changements, et toutes choses sont dans un flux perpétuel, comme les eaux d’un fleuve. L’univers est fini, le monde est un ; il est tour à tour produit et embrasé par le feu, suivant certaines périodes déterminées, et cela de toute éternité ; la destinée préside à ces mouvements. Parmi les contraires, ceux qui poussent à la production sont la guerre et la discorde ; ceux qui produisent l’embrasement sont la concorde et la paix. Le changement est un mouvement de bas en haut et de haut en bas, en vertu duquel est produit le monde. Le feu condensé produit l’humidité ; celle-ci prend de la consistance et devient eau ; de l’eau vient la terre ; c’est là le mouvement de haut en bas. Réciproquement la terre liquéfiée se change en eau et de l’eau viennent les autres choses qu’il rapporte presque toutes à l’évaporation de la mer ; c’est là le changement de bas en haut. La terre et la mer