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prétendait ne rien savoir ; devenu homme, il déclarait ne rien ignorer. Il n’avait eu aucun maître ; aussi disait-il qu’il s’était pris pour objet d’étude et que c’était de lui-même qu’il avait tout appris. Sotion prétend cependant que quelques auteurs le font disciple de Xénophane ; il ajoute que d’après Ariston, dans le traité sur Héraclite, il s’était guéri de son hydropisie et mourut d’une autre maladie. C’est ce que dit aussi Hippobotus.

Le livre qui porte son nom, et qui roule sur la nature en général, est divisé en trois parties : de l’univers, politique, théologie. Il l’avait déposé, suivant quelques-uns, dans le temple de Diane et l’avait à dessein écrit obscurément, afin que les doctes seuls pussent le comprendre et qu’il ne fût pas exposé au dédain en tombant dans le domaine public.

Timon l’a caractérisé en ces termes :


Au milieu d’eux s’élève ce monotone parleur à la voix de coucou, ce détracteur du peuple, l’énigmatique Héraclite.


Théophraste attribue à son humeur mélancolique l’imperfection de certaines parties de son ouvrage et ses contradictions. Antisthène, dans les Successions, allègue comme preuve de sa grandeur d’âme, qu’il céda à son frère le titre de roi[1] avec les prérogatives qui y étaient attachées. Ses ouvrages eurent une telle réputation qu’il se forma une secte dont les membres s’appelèrent de son nom héraclitiens.

Voici d’une manière générale quelle était sa doctrine ; il admettait que tout vient du feu et y retourne, que l’harmonie de toutes choses résulte de transfor-

  1. Suivant Strabon, les descendants d’Androclus, fondateur d’Éphèse, portaient le titre de roi, et à ce titre étaient attachés certaines prérogatives.