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Isménias jouait bien tous les airs[1]. Tout appartient au sage, la loi[2] lui accordant la libre disposition de toutes choses. Quant aux insensés, on peut dire à la vérité qu’ils possèdent certaines choses, mais c’est une possession purement nominale ; c’est ainsi qu’on dit d’une maison qu’elle appartient à telle ville, quoique le véritable possesseur soit celui qui s’en sert.

Ils prétendent que toutes les vertus se tiennent, et que celui qui en a une les a toutes, car toutes reposent sur les mêmes principes spéculatifs, au dire de Chrysippe, dans le premier livre des Vertus, d’Apollodore, dans la Physique selon les Anciens, et d’Hécaton, dans le troisième livre des Vertus. En effet, l’homme vertueux joint la spéculation à la pratique, et comme la pratique comprend le discernement du bien, la patience à supporter, une juste répartition et la persévérance, le sage agissant avec discernement, patience, justice et persévérance, sera en même temps prudent, courageux, juste et tempérant.

Chaque vertu a un objet particulier ; ainsi le courage embrasse tous les actes qui supposent une patiente fermeté ; la prudence a pour objet ce qu’on doit faire ou éviter et ce qui est indifférent ; les autres vertus ont également leur objet propre. De la prudence dépendent la sagacité et la pénétration ; de la tempérance, l’ordre et la décence ; de la justice, l’équité et la loyauté ; du courage, la fermeté et la force d’âme.

Du reste ils n’admettent aucun intermédiaire entre la vertu et le vice, différents en cela des péripatéti-

  1. Il ne les jouait pas tous, mais quel que fût l’air qu’il adoptât, il le jouait bien.
  2. La loi naturelle.