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Seul, et à l’exclusion des méchants, il est bon juge, bon magistrat, bon orateur. Il est à l’abri du blâme, car il ne tombe jamais en faute ; il est innocent, ne portant jamais préjudice ni aux autres ni à lui-même ; il est inaccessible à la pitié et n’a d’indulgence pour personne ; il ne fait pas grâce des châtiments infligés par les lois, car son âme est étrangère à l’indulgence, à la pitié, à la compassion qui pourraient lui faire regarder la peine comme trop sévère. Les phénomènes incompréhensibles, les Portes de Charon, le flux et le reflux, les sources d’eau chaude, les éruptions volcaniques ne produisent en lui ni trouble ni étonnement. Il ne recherche pas la solitude, car il est naturellement ami de la société et porté à l’action. Il prend de l’exercice en vue de la santé du corps.

Le sage prie et demande aux dieux les véritables biens, au dire de Posidonius, dans le premier livre des Devoirs, et d’Hécaton dans le treizième livre des Paradoxes.

Les stoïciens prétendent aussi que l’amitié ne peut exister qu’entre les sages, parce qu’elle exige la communauté des sentiments. Ils la définissent : une sorte de communauté de toutes les choses de la vie, en vertu de laquelle nous disposons de nos amis comme de nous-mêmes. Ils ajoutent qu’un ami est chose que l’on doit rechercher pour elle-même, et que le grand nombre des amis est un bien. Quant aux méchants, ils disent qu’il ne peut y avoir d’amitié entre eux, le méchant n’ayant jamais d’amis.

Pour eux, tous ceux qui ne sont pas sages sont fous, car ils ne connaissent pas la prudence et n’agissent jamais que par une sorte d’entraînement qui ressemble à l’aveuglement. Le sage, au contraire, agit bien en toutes choses, dans le sens où l’on dit que sur la flûte