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siste à démêler les actions utiles[1] et la meilleure manière de les accomplir.

Ils divisent également les vices en primitifs et dérivés. L’imprudence, la lâcheté, l’injustice, l’intempérance sont rangées parmi les vices primitifs ; et dans la seconde classe l’incontinence, la faiblesse d’intelligence, le défaut de sagacité. En un mot, le vice consiste pour eux dans l’ignorance des choses dont la science constitue la vertu. Le bien, pris d’une manière générale, est l’utile, avec cette distinction plus particulière : d’une part l’utile, de l’autre ce qui n’est pas contraire à l’utilité. De là vient qu’ils considèrent la vertu et le bien qui en participe sous trois points de vue différents : le bien dans la cause qui le produit, par exemple dans l’action vertueuse ; le bien dans l’agent, c’est-à-dire dans l’homme de bien qui vit conformément à la vertu[2]

Ils distinguent encore le bien proprement dit qu’ils définissent : la perfection dans la nature de l’être raisonnable en tant que raisonnable ; c’est la vertu. En second lieu, la conformité au bien, et sous ce titre ils comprennent les actions honnêtes et les hommes

  1. Utile a souvent chez les stoïciens le sens de bon.
  2. Le troisième exemple manque et les deux premiers paraissent mal choisis. Voici un passage de Sextus Empiricus (contre les Dogmatiques, l. X ), qui peut servir à compléter et à rectifier Diogène de Laërte : « Le bien dans un sens se dit de ce qui produit ou de ce dont résulte l’utile ; c’est là le bien par excellence, la vertu ; car la vertu est comme la source de laquelle découle naturellement toute utilité. Dans un autre sens il se dit de ce qui est accidentellement la cause de l’utilité ; sous ce point de vue on appelle bien non-seulement la vertu, mais aussi les actions qui y sont conformes ; car elles sont accidentellement utiles. En troisième et dernier lieu, on appelle bien tout ce qui peut être utile, en comprenant sous cette définition la vertu, les actions vertueuses, les amis, les hommes honnêtes, les dieux, etc. »