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primer les impressions qui résultent de la représentation et de les rendre sensibles par la parole. »

La représentation diffère de l’image : l’image est une conception de l’intelligence, telle que celles qui se produisent dans le sommeil ; la représentation est une impression faite sur l’âme, et par là il faut entendre une simple affection, comme le dit Chrysippe dans le dixième livre du traité de l’Âme ; car on ne peut admettre que l’impression ressemble à l’empreinte d’un cachet, puisqu’il est impossible de concevoir qu’il y ait eu en même temps plusieurs empreintes superposées en un même point. La représentation vraie est celle qui, produite par un objet réel, est gravée, empreinte, imprimée dans l’esprit de telle sorte qu’elle ne puisse être produite également par un objet non réel. Parmi les représentations, les unes sont sensibles, les autres non : sensibles celles qui nous sont fournies par un ou plusieurs sens ; non sensibles celles qui émanent directement de la pensée, par exemple celles qui portent sur les choses immatérielles et sur tous les objets qu’embrasse la raison. Les représentations sensibles sont produites par un objet réel qui s’impose à l’intelligence et force son acquiescement ; toutefois il y a aussi des représentations purement apparentes, des ombres, qui ressemblent à celles produites par des objets réels.

Les représentations se divisent encore en rationnelles et irrationnelles : rationnelles, celles des animaux raisonnables ; irrationnelles, celles des êtres dépourvus de raison. Les représentations rationnelles sont les pensées ; les autres n’ont pas de nom particulier. Ils les distinguent aussi en artistiques et non artistiques ; en effet, une image est vue tout autrement par un artiste que par celui qui ne l’est pas.