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Dans un repas auquel assistaient les envoyés de Ptolémée désireux de faire à leur roi un rapport sur son compte, il garda un silence absolu ; ils lui en demandèrent la raison : « C’est, répondit-il, pour que vous rapportiez au roi qu’il y a ici quelqu’un qui sait se taire. »

On lui demandait comment il en agirait avec un homme qui lui dirait des injures, il répondit  : « Comme avec un envoyé que l’on congédie sans réponse. »

Apollonius de Tyr raconte que Cratès l’ayant tiré par son manteau pour l’arracher aux leçons de Stilpon, il lui dit : Cratès, les philosophes ne se laissent prendre que par l’oreille ; prends-moi donc par là et persuade-moi ; si, au contraire, tu me fais violence, je serai présent de corps auprès de toi, mais mon esprit sera chez Stilpon. »

Nous savons par Hippobotus qu’il suivit aussi les leçons de Diodore et étudia auprès de lui la dialectique. Il était déjà fort habile lorsqu’il s’attacha à Polémon ; aussi assure-t-on que Polémon lui adressa un jour cette apostrophe : « Je te vois, Zénon ; tu t’es échappé du jardin des Mégariques pour venir dérober nos doctrines que tu habilles ensuite à la phénicienne. » Un dialecticien lui ayant montré sept modes d’argumentation dans le sophisme appelé le moissonneur, il lui demanda combien il voulait être payé : « Cent drachmes, » dit l’autre. Zénon lui en donna deux cents, tant il était avide d’apprendre. Il est le premier, dit-on, qui ait employé le mot devoir et écrit sur ce sujet. Il transposait ainsi deux vers bien connus d’Hésiode :

Celui-là est le meilleur qui prend pour guide les sages leçons d’un maître ;