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Autour de lui était une nuée de mendiants, tout ce qu’il y avait de plus vil et de plus mal famé dans Athènes.

Il avait l’air triste et chagrin, le visage dur et contracté, et, sous prétexte d’économie, toute la parcimonie d’un barbare. S’il adressait un reproche, c’était toujours brièvement, avec mesure et d’une manière détournée ; témoin ce qu’il dit un jour à un précieux ; le voyant traverser un bourbier avec des précautions infinies : « Il a raison, s’écria-t-il, de craindre la boue ; car il ne peut pas s’y mirer. »

Un cynique vint lui demander de l’huile, en disant qu’il n’en avait pas dans sa lampe ; Zénon refusa, et comme l’autre s’en retournait, il lui dit de considérer lequel des deux était le plus effronté.

Il était épris de Chrémonidès ; un jour qu’il était assis entre lui et Cléanthe, il se leva tout à coup et dit à Cléanthe qui lui demandait la raison de ce brusque mouvement : « J’ai entendu dire aux médecins que le meilleur remède contre l’inflammation était le repos. »

Dans un dîner, il vit celui qui était au-dessous de lui donner des coups de pied à son voisin ; alors il lui donna à lui-même un coup de coude, et comme il se retournait étonné, Zénon lui dit : « Comment crois-tu donc que ton voisin se trouve de tes coups de pied ? »

Une autre fois, rencontrant un homme qui aimait beaucoup les jeunes gens, il lui dit que les maîtres qui étaient toujours avec les enfants n’avaient pas plus d’esprit qu’eux.

Il disait que les discours bien compassés et parfaitement réguliers ressemblent aux pièces d’Alexandrie ; qu’ils plaisent à l’œil et sont bien gravés comme ces monnaies, mais n’en valent pas mieux pour