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à ses fils pour suivre les leçons du philosophe ; tant il y avait de charme dans la parole de Diogène.

Il eut pour disciples Phocion, surnommé le Bon, Stilpon de Mégare, et beaucoup d’autres qui ont joué un rôle politique. On dit qu’il mourut vers l’âge de quatre-vingt-dix ans ; mais on ne s’accorde pas sur le genre de mort : les uns prétendent qu’ayant mangé un pied de bœuf cru, il fut pris de violents vomissements et succomba peu après ; d’autres disent qu’il mit fin à ses jours en retenant sa respiration ; de ce nombre est Cercidas de Mégalopolis ou de Crète, qui rapporte ainsi le fait dans ces vers mélïambes :

Il ne le voulut pas, cet antique citoyen de Sinope qui portait le bâton et le manteau double, qui mangeait en plein vent ; mais il mourut en serrant ses lèvres contre ses dents et en retenant sa respiration ; car Diogène était véritablement fils de Jupiter, c’était un chien céleste.

D’autres prétendent qu’ayant voulu partager un polype à des chiens, il fut mordu au nerf du pied et mourut de cette blessure. Au reste, Antisthène dit dans les Successions que dans l’opinion de ses disciples, il était mort en retenant sa respiration : « Diogène, dit-il, était alors établi au Cranium, gymnase situé aux portes de Corinthe ; ses amis étant venus le voir selon leur coutume, le trouvèrent enveloppé dans son manteau ; mais jugeant bien qu’il ne dormait pas, parce qu’ordinairement il n’accordait que peu de temps au sommeil, ils entr’ouvrirent son manteau et reconnurent qu’il ne respirait plus ; ils supposèrent alors qu’il avait volontairement mis fin à sa vie en retenant sa respiration. Bientôt après une violente dispute s’éleva entre eux à qui l’ensevelirait ; ils étaient même sur le point d’en venir aux mains,