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core de lui une foule d’autres traits qu’il serait trop long de rapporter ici.

Selon lui, l’âme et le corps demandent l’un et l’autre à être exercés, la fréquente répétition des mêmes actes nous les rendant familiers, toujours présents, et facilitant ainsi la pratique des actions vertueuses. « L’un de ces deux modes d’exercice, disait-il, est imparfait sans l’autre ; car la santé et la vigueur nécessaires à la pratique du bien dépendent également et de l’âme et du corps. » Comme preuve de la facilité que l’exercice donne pour la vertu, il alléguait que le tact chez les mécaniciens et les autres artisans acquiert par la pratique une rare délicatesse, et que ce sont surtout les efforts personnels et la persévérance qui donnent une supériorité marquée aux musiciens et aux athlètes. Il ajoutait que s’ils avaient aussi bien exercé leur âme, leur peine n’aurait pas été perdue ; en un mot, il prétendait qu’il n’y a absolument rien dans la vie qui puisse être bien fait sans une application soutenue, mais que l’application triomphe de tout. Il faut donc, pour vivre heureux, laisser de côté les travaux inutiles, et s’appliquer à ceux qui sont selon la nature ; car le malheur n’a d’autre cause que notre aveuglement. L’habitude nous fait trouver une joie infinie même dans le mépris du plaisir, et de même que ceux qui ont contracté l’habitude de la volupté n’y renoncent pas sans peine, de même aussi ceux qui se sont fait des habitudes contraires sont plus heureux du mépris de la volupté que de sa jouissance. Tels étaient les principes qu’il enseignait et pratiquait en même temps, changeant ainsi la monnaie et se conformant plutôt à la nature qu’à la loi. Il disait lui-même qu’il modelait sa vie sur celle d’Hercule, et considérait la liberté comme le premier des biens. « Tout appartient