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inutile ; si tu le fais pour les femmes, c’est chose mauvaise. »

Une autre fois, il vit un jeune homme qui rougissait : « Courage, lui dit-il, c’est là la couleur de la vertu. »

Après avoir entendu les plaidoyers de deux avocats, il les condamna l’un et l’autre, en disant que l’un avait volé l’objet en question et que l’autre ne l’avait pas perdu.

Quelqu’un lui dit : « Beaucoup de gens te bafouent. — Et moi, reprit-il, je ne me tiens pas pour bafoué. »

On disait devant lui que c’est un mal de vivre : « Non pas de vivre, reprit-il, mais de mal vivre. »

Quelqu’un l’engageant à poursuivre son esclave qui avait pris la fuite, il répondit : « Il serait ridicule que Manès pût vivre sans Diogène, et que Diogène ne pût se passer de Manès. »

Il dînait un jour avec des olives, lorsqu’on lui apporta un gâteau ; rejetant alors les olives, il s’écria :

Hôtes, cédez la place aux tyrans[1].

Dans une autre circonstance il fit de même en disant :

Et il jeta l’olive[2].

On lui demandait de quelle race de chiens il était : « Quand j’ai faim, dit-il, je suis chien de Mélita ; rassasié, je suis chien molosse ; je suis de ces chiens que beaucoup de gens louent sans oser chasser avec eux, par crainte de la fatigue ; et vous, la crainte de la dou-

  1. Euripide, Phénic., v. 40.
  2. Parodie d’un passage d’Homère, qui signifie en même temps : « Et il pressa (ses coursiers) du fouet. »