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Étant entré dans un bain sale, il dit : « Où va-t-on se laver en sortant d’ici ? »

Il était le seul à louer un épais joueur de harpe que tout le monde bafouait ; comme on lui en demandait la raison : « Je le loue, dit-il, de ce que, tel qu’il est, il aime mieux toucher de la harpe que voler. »

Il rencontra un jour un joueur de harpe dont les accords avaient la prérogative de chasser tout le monde, et lui dit en l’abordant : « Salut, coq. » Comme l’autre lui demandait la raison de ce surnom : « C’est, dit-il, que tu réveilles tout le monde par tes chants. »

La foule s’était rassemblée un jour autour d’un jeune homme qu’on se montrait ; Diogène alla se placer devant lui, et se mit à dévorer avidement des lupins qu’il avait dans le pan de son manteau ; tout le monde s’étant alors tourné vers lui, il leur dit : « Je vous admire de quitter ce jeune homme pour me regarder. »

Un homme fort superstitieux lui dit : « Je te briserai la tête d’un seul coup. — Et moi, reprit-il, je te ferai trembler en éternuant à ta gauche. »

Pressé par Hégésias de lui prêter quelques-uns de ses écrits, il lui dit : « J’admire ta simplicité, Hégésias ; quand tu veux des figues, tu n’en prends pas de peintes, mais de vraies ; comment donc négliges-tu le véritable exercice de l’intelligence pour t’attacher aux livres ? »

Quelqu’un lui reprochait son exil : « Insensé, dit-il, c’est cela même qui m’a rendu philosophe. »

On lui disait une autre fois : « Ceux de Sinope t’ont chassé de chez eux. — Et moi, répondit-il, je les ai condamnés à y rester. »

Il vit un jour un vainqueur aux jeux olympiques