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dre : « Dites plutôt, répliqua-t-il, qu’il est malheureux de ne pouvoir dîner et souper que quand il plaît à Alexandre. »

Il disait que quand il avait besoin d’argent, il priait ses amis non pas de lui en donner, mais de lui en rendre. On le vit un jour se polluer sur la place publique, en disant : « Plût aux dieux qu’on pût aussi apaiser la faim en se frottant le ventre. »

Ayant aperçu un enfant que des satrapes emmenaient, il le prit, le ramena à ses parents, et leur recommanda de veiller sur lui. Une autre fois, un jeune homme vêtu avec recherche lui ayant fait une question, il lui dit : « Je ne te répondrai pas que tu n’aies ouvert ton manteau pour me montrer si tu es homme ou femme. »

Il vit au bain un autre jeune homme chercher dans le jeu appelé cottabisme[1] l’issue de ses amours : « Mieux tu réussis, lui dit-il, plus tu fais mal. »

Dans un repas, quelques-uns des convives lui jetèrent des os comme à un chien ; il quitta sa place et alla uriner sur eux à la manière des chiens.

Il appelait les orateurs et tous ceux qui cherchaient à briller par la parole des gens trois fois hommes, dans le sens de trois fois malheureux. Il disait qu’un riche ignorant est une brebis couverte d’une toison d’or.

Voyant sur la maison d’un débauché l’inscription à vendre, « Je savais bien, dit-il, qu’étant si pleine de crapule, tu ne manquerais pas de vomir ton maître. »

Un jeune homme se plaignant à lui des obsessions dont il était l’objet : « Mais toi, lui dit-il, cesse donc de laisser paraître tes inclinations voluptueuses. »

  1. Il consistait à verser du vin ou de l’eau dans une coupe et à tirer un augure du son qu’ils rendaient.