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de là, Diogène le rencontra, et lui dit en riant : « Un mauvais poisson a rompu notre amitié. » Dioclès raconte autrement le fait. Quelqu’un lui dit : « Donne-moi tes ordres, Diogène. » Aussitôt il l’emmena avec lui et lui donna à porter pour une demi-obole de fromage ; sur son refus d’obéir, il lui dit : « Une demi-obole de fromage a rompu notre amitié. »

Ayant aperçu un enfant qui buvait dans le creux de sa main, il jeta aussitôt le gobelet qu’il portait dans sa besace, en disant : « Un enfant m’a donné une leçon de simplicité. » Il jeta aussi la cuiller lorsqu’il eut vu un autre enfant qui, après avoir cassé son écuelle, ramassait ses lentilles avec une croûte de pain.

Il raisonnait ainsi : « Tout appartient aux dieux ; les sages sont amis des dieux ; tout est commun entre amis ; donc tout appartient aux sages. »

Zoïle de Pergame raconte qu’ayant vu une femme prosternée devant les dieux dans une posture indécente et voulant la corriger de sa superstition, il s’approcha d’elle et lui dit : « Ne crains-tu pas qu’il y ait quelque dieu derrière toi (car tout est plein de dieux), et que ta posture ne soit injurieuse pour lui ? »

Il consacrait, disait-il, à Esculape un fouetteur chargé de frapper ceux qui se prosternaient le visage contre terre. Il avait coutume de dire que toutes les imprécations des tragiques s’appliquaient à lui, qu’il était

Sans ville, sans maison, chassé de sa patrie,
Pauvre, errant, vivant au jour le jour.

Il ajoutait qu’il opposait à la fortune le courage, à la loi la nature, aux passions la raison.

Alexandre vint un jour se placer devant lui, tandis