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colère[1] et l’enseignement de Platon un assommoir[2]. Il disait que les jeux dyonisiaques étaient de grandes merveilles pour les fous et que les orateurs sont les serviteurs de la multitude. « Lorsque je considère la vie humaine, disait-il souvent, et que je vois ceux qui la gouvernent, les médecins et les philosophes, l’homme me semble le plus sage des animaux ; mais quand je jette les yeux sur les interprètes des songes, les devins et ceux qui ont confiance en eux, sur ceux qui sont entichés de la gloire et de la richesse, rien ne me paraît plus sot que l’homme. » Il disait que dans la vie il faut plus souvent recourir à la raison qu’à la corde.

Il remarqua un jour que dans un repas somptueux Platon ne mangeait que des olives : « Comment ! lui dit-il, grand sage, tu as traversé la mer pour aller en Sicile chercher une table servie comme celle-ci, et maintenant qu’elle est devant toi, tu n’en jouis pas ! — Je te jure par les dieux, Diogène, reprit Platon, que, même en Sicile, je me contentais le plus souvent d’olives et de mets de ce genre. — En ce cas, répliqua-t-il, qu’avais-tu besoin d’aller à Syracuse ; est-ce qu’alors l’Attique ne produisait point d’olives ? » (Phavorinus, dans les Histoires diverses, met ce dernier trait sous le nom d’Aristippe.)

Une autre fois étant à manger des olives, il rencontra Platon et lui dit : « Tu peux partager avec moi. » Platon en prit et les mangea ; alors Diogène reprit : « Je t’avais dit de partager, mais non pas de manger. »

Il se rendit un jour à une réunion où Platon avait invité quelques amis, à leur retour de la cour de De-

  1. Par un jeu de mots : σχολή, « école, » et χολή, « bile. »
  2. Διατριβήν - κατατριβήν.