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ton de Céos. Straton était, comme nous l’avons dit plus haut, un homme d’un grand mérite, versé dans toutes les sciences et surtout dans la physique, la plus ancienne et la plus importante des branches de la philosophie.




CHAPITRE IV.


LYCON.

Straton eut pour successeur Lycon de Troade, fils d’Astyanax, homme éloquent et d’une rare habileté pour l’éducation de la jeunesse, il disait qu’il faut gouverner les enfants par la honte et l’émulation, comme les chevaux avec l’éperon et le frein. La grâce et l’élévation de son langage se montrent pleinement dans ce qu’il dit d’une jeune fille pauvre : « C’est un lourd fardeau pour un père qu’une jeune fille qui, faute de dot, a vu passer, sans trouver de mari, la fleur de son âge. » Aussi Antigone disait-il à propos de la douceur de son langage, que de même qu’il est impossible de communiquer à un autre fruit l’odeur et la beauté de la pomme, de même aussi pour l’homme, il faut voir le fruit sur l’arbre, c’est-à-dire entendre chacune de ses paroles de sa propre bouche. De là vient aussi que quelques personnes ajoutaient un G à son nom[1]. Cependant dans ses écrits il se négligeait et était inférieur à lui-même. Quand il entendait des gens se plaindre de n’avoir rien appris quand il en était temps et former de beaux projets

  1. Γλύκων, doux, agréable.